Selon le directeur général de la Société nationale des mines (Sonamines), actuellement si vous entrez dans le classement des pays détenteurs d’or, vous trouverez que le Cameroun a zéro kilogramme d’or tout simplement parce que l’or que nous détenons c’est de l’or matière qu’il faut pouvoir transformer afin d’obtenir l’or monétaire. La Sonamines ambitionne de mettre sur pied une raffinerie mais selon son directeur général, même si cette raffinerie est fonctionnelle aujourd’hui, le Cameroun ne pourra pas certifier l’or parce qu’il y a un certain nombre de conditions à remplir afin d’être affilié à la London Billion Market Association.

Monsieur le directeur général, à l’heure où nous parlons, combien coute un kilogramme d’or ?

Sur le marché international, 1 kilogramme d’or coute un peu moins de 59 millions de FCFA mais il faut dire que c’est de l’or 24 carats qui ne se retrouve pas sur le terrain et les prix évoluent toutes les minutes, toutes les secondes. Généralement on prend cette valeur et on divise par 24 pour avoir le prix d’un gramme d’or.

Lors des trois premières années d’existence de la Sonamines on a pu stocker 683 kilogrammes d’or au Cameroun. Quelle est la contribution de cet or au bienêtre des populations ?

La Sonamines collecte l’or sur le terrain pour le compte de l’Etat du Cameroun dans le cadre de l’activité de l’exploitation artisanale semi-mécanisée et la totalité de l’or qui a été collecté 25% de l’impôt synthétique minier libératoire et 5% des 75% restant. Nous avons déjà rétrocédé à l’Etat du Cameroun 638 kilogramme d’or. Ce qu’il faut retenir c’est que cet or est à l’état brut, il ne représente pas grand-chose même si on peut le vendre. Mais pour juger de l’apport dans l’économie de l’Etat du Cameroun, il faudrait aller avec le processus d’affinage de cet or jusqu’au bout. C’est-à-dire qu’il faudrait affiner cet or et après le monétiser.

Ce n’est qu’à ce moment là qu’on peut évaluer son apport et son poids dans l’économie du pays. En l’état actuel des choses, cet or ne peut pas permettre au Cameroun de lever des fonds, comme garantie pour le financement de notre économie. Il faut aussi le mettre aux normes de la London Billion Market Association. Actuellement si vous entrez dans le classement des pays détenteurs d’or, vous trouverez que le Cameroun a zéro kilogramme d’or tout simplement parce que l’or que nous détenons c’est de l’or matière qu’il faut pouvoir transformer afin de partir de l’or matière à l’or monétaire.

Qui est supposé monétiser cet or ?

La Sonamines a la mission d’assurer le suivi de la production, de la commercialisation, de la valorisation et de la transformation des substances minérales issues de l’exploitation artisanale et artisanale semi-mécanisée. Nous sommes de pleins pieds dans la valorisation et c’est dans nos compétences de pouvoir faire passer cette matière en or monétaire. Nous avons les capacités et la possibilité de le faire avec l’ensemble des partenaires qui nous appuient.

Il faut dire que c’est que la Sonamines ambitionne de construire une raffinerie pour laquelle toutes les études sont bouclées, le terrain est disponible. Mais même si cette raffinerie est fonctionnelle aujourd’hui, même après cinq années de fonctionnement, le Cameroun ne pourra pas certifier l’or parce qu’il y a un certain nombre de conditions à remplir afin d’être affilié à la London Billion Market Association.

Il faut avoir existé depuis un certain nombre d’années, avoir un certain chiffre d’affaires et je crois qu’on est autour de 11 milliards de produits par an pour pouvoir espérer être affilié à la London Billion Market Association. Mais au niveau international, nous avons plusieurs partenaires qui sont disposés à accompagner la Sonamines dans la transformation de l’or.

Pour le moment, les populations qui sont sur le terrain dans l’exploitation de l’or peuvent ressentir le poids positif de cette exploitation comme dans la ville de Betare Oya (département du Lom-et-Djerem dans la région de l’Est Ndlr) même si ces populations ne bénéficient pas totalement de ce dont elles devraient bénéficier si tout était fait dans les règles de l’art.

Je ne conseille pas à l’Etat du Cameroun de vendre son or, parce que l’or est un puissant levier de ressources. Un pays ne devrait pas vendre son or mais plutôt constituer ses réserves stratégiques, afin de soutenir son économie. En moins d’un mois, si le Cameroun a une tonne d’or aujourd’hui, on peut monétiser cet or pour qu’ils soit labélisé au London Billion Market Association, je crois que c’est autour de 0,7 dollars par kilogramme d’or et ça ne devrait pas nous couter les yeux de la tête.

Est-ce que la Sonamines a des projections pour la monétisation de cet or ?

Les projections ne dépendent pas seulement de la Sonamines parce qui nous sommes mandataires de l’Etat qui nous a demandé d’aller prélever de l’or pour son compte, ce que nous avons fait et nous avons rétrocédé cet or à l’Etat. Nous avons donné toutes les informations utiles à l’Etat quant à la transformation de cet or et maintenant nous attendons lorsque l’Etat va passer à l’étape supérieure la machine se mettra en branle pour pouvoir avoir de l’or monétaire au niveau du Cameroun.

Est-ce que le Cameroun peut produire plus d’or aujourd’hui ?

La production d’or aujourd’hui au Cameroun est quasi insignifiante. Pour le commun des mortels ça semble ressembler à quelque chose mais si vous vous repérez aux pays comme le Burkina Faso qui a fait 61 tonnes d’or en 2024, soit 8 tonnes d’or pour la production artisanale et si vous allez au Mali à côté, c’était 51 tonnes d’or en 2024 et au Cameroun nous sommes encore dans l’artisanat semi-mécanisé avec beaucoup d’informel. Certes, il y a une petite mine d’or dont le permis a déjà été signé mais qui pour l’instant est en restructuration et n’est pas en production.

Nous pouvons bien sur améliorer cette production puisque que la production de l’or ne nécessite aucune technologie particulière, il suffit de mieux organiser l’activité sur le terrain et relever les chiffres de la production. Nous avons sollicité des titres aussi bien de l’exploitation que de recherche qui concernent l’or, on n’a pas encore eu l’opportunité de bénéficier de ces titres mais lorsque l’occasion se présentera, nous pourrons montrer de quoi nous sommes capables.

La Sonamines peut avoir des permis d’exploitations et des permis de recherche, des autorisations de recherche artisanale semi-mécanisés nous en avions d’ailleurs fait des demandes qui malheureusement à date n’ont pas prospéré ne me demandez pas pour quoi parce que je ne saurais pas quoi vous répondre. Nous espérons pouvoir en jouir un de ces quatre matins.

Qu’entendez-vous par mieux organiser le secteur ?

Ce qu’il faut dire c’est que le secteur de l’exploitation artisanale semi-mécanisée qui évolue dans la quasi illégalité parce que la plupart des exploitants travaillent avec des autorisations d’exploitation artisanale, ils n’ont pas le titre qu’il faut pour mener l’activité qui va avec.

Pour améliorer la production, il faudrait premièrement commencer par recenser les artisans, cartographier tous les chantiers d’exploitation artisanale et les formaliser parce que les artisans qui sont sur le terrain n’ont pas pour la plupart des autorisations. Une fouis que vous les avez formalisés, il faut pouvoir capter la totalité de la production. Pour ce qui est de l’exploitation artisanale semi-mécanisée, il est question de formaliser cette activité et il est question pour chaque exploitant de déposer un dossier conforme et avoir un titre d’exploitation.

Qu’est-ce qui change avec le nouveau cadre de commercialisation des substances précieuses et semi-précieuses au Cameroun ?

Déjà on a un acteur central qui est la Sonamines et a été placé au cœur des activités d’exploitation artisanale et artisanale semi-mécanisée. Nous avons l’exclusivité de l’achet et de la vente de l’or et du diamant. Ceci dit, nous pouvons dans la constitution des réserves d’or stratégiques de l’Etat mener cette opération à la vitesse grand v parce que la loi nous a donné les plains pouvoirs. Avant l’or pouvait s’exporter sous n’importe quelle forme mais aujourd’hui avec la nouvelle loi, l’or doit être affiné et estampillé pour être exporté.

L’or qui a été collecté sur le terrain avant l’arrivée de la Sonamines cours des 10 dernières années était de 777 kilogrammes et en trois années avec la Sonamines c’est 638 kilogrammes. Vous voyez qu’il y a un rand saut.

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La Rédaction

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