L’économiste donne les raisons de cette situation paradoxale.

Les soldes engagés non décaissés sont des ressources financières contractées par l’Etat du Cameroun sous forme de dettes auprès de partenaires internationaux mais qui ne sont pas utilisées pour plusieurs raisons. D’après la note de conjoncture de la Caisse autonome d’amortissement (CAA) du Cameroun parue le 31 juillet 2025, le montant de ces ressources est de 4 058,8 milliards FCFA au 30 juin 2025, incluant 197,2 milliards FCFA de d’appuis budgétaires.

Dans une interview accordée au quotidien bilingue national Cameroon Tribune, l’économiste Fabrice Assoumou Zambo indique la persistance d’un stock de financements inutilisés dépassant 3 400 milliards FCFA au Cameroun, pays aux besoins infrastructurels considérables, révèle un dysfonctionnement systémique.

Le spécialiste explique que cette situation paradoxale s’explique par plusieurs facteurs structurels. Sur le plan technique, Fabrice Assoumou Zambo évoque l’immaturité des projets lors de la signature des conventions financières qui apparait comme l’entrave principale, seuls 10% respectant leur calendrier initial.

« En outre, les lourdeurs administratives sont significatives : des procédures complexes et variables selon les divers bailleurs ralentissent considérablement les décaissements. Malgré l’élaboration par la CAA d’un manuel simplifié, les coordonnateurs éprouvent des difficultés à maitriser les exigences spécifiques de chaque partenaire. Enfin, des lacunes de gouvernance aggravent le phénomène, notamment les retards récurrents dans les indemnisations, l’acquisition foncière et la libération » explique Fabrice Assoumou Zambo.

Ce dernier explique néanmoins que la diminution de 13,1% de ces soldes en fin juin 2025, annoncée par la CAA soit 613,9 milliards FCFA témoigne favorablement de la gestion des finances publiques camerounaises. Cette baisse selon lui traduit une amélioration de la capacité d’absorption des financements extérieurs (passant de 4 059,6 à 3 445,7 milliards FCFA) peut s’expliquer par deux facteurs convergents.

D’une part, la maturité technique accrue des projets d’investissement, résultant de l’application rigoureuse du décret de juin 2018 sur la maturation des projets publics : les administrations sectorielles qui maîtrisent désormais mieux les impératifs de faisabilité technique, d’intégration environnementale et de sécurisation financière, éléments cruciaux pour garantir la mobilisation effective des ressources contractées.

« D’autre part, la centralisation des fonds de contrepartie au sein du Basket Fund géré par la Beac (Banque des Etats de l’Afrique Centrale Ndlr) depuis 2019 produit ses effets, rationalisant la trésorerie publique et accélérant la mobilisation des ressources nationales pour les projets conjoints » explique l’économiste.

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