Depuis l’année 2018 qui peut être considérée comme l’âge d’or de l’aviculture au Cameroun, la production ne cesse de dégringoler.
A travers ses multiples chaînes de valeurs, le secteur de l’aviculture fait vivre des centaines de milliers de personnes au Cameroun. Malheureusement, ce secteur est en proie à plusieurs difficultés et beaucoup d’aviculteurs ont jeté l’éponge avec pour corollaire, la perte de milliers d’emplois, l’on évoque même un taux de 50%.
Certains acteurs encore en activité expliquent qu’en plus du coût élevé de la production, il faut encore trouver le moyen d’écouler les poulets rapidement pour éviter les pertes. A ces difficultés s’ajoutent l’épizootie de grippe aviaire de 2016 puis la pandémie de Covis-19 (2019) qui ont épuisé les producteurs.
« La plupart des acteurs ne peuvent plus tenir pour longtemps si l’Etat n’intervient pas »
François Djonou, président de l’Interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC).
Cameroon Tribune : Quelles stratégies mettre sur pieds pour soutenir la filière avicole qui bat actuellement de l’aile au Cameroun ?
François Djonou : Depuis l’année 2018 qui peut être considérée comme l’âge d’or de l’aviculture au Cameroun, la production ne cesse de dégringoler parce qu’elle est depuis lors, secouée par de multiples crises comme la grippe aviaire, la guerre en Ukraine, le dérèglement climatique, etc… ces deux derniers facteurs ont entrainé l’indisponibilité du maïs et du tourteau de soja sur le marché, rendant leur prix inaccessible. Comme conséquence, les coûts de production sont élevés et les productions de volaille moins attractives sur le marché local et à l’étranger. La solution idéale est d’agir sur les coûts des intrants que sont particulièrement le maïs et les tourteaux de soja.
Cameroon Tribune : comment permettre aux éleveurs frappés par les différentes crises sanitaires et autres conflits de se relever et remettre leur activité sur les rails ?
François Djonou : En l’état actuel des choses, nous pensons que les pouvoirs publics doivent soutenir la filière avicole pour permettre la relance. La plupart des acteurs ne peuvent plus tenir pour longtemps si l’Etat n’intervient pas. Nous sommes néanmoins en pourparlers avec le ministère de l’Elevage, le ministère de l’économie et les services du Premier ministre pour trouver des solutions visant à soulager les acteurs.
Cameroon Tribune : L’importation des intrants est-elle une solution idoine quand on sait que la production locale peut réduire les charges fiscales à l’Etat qui a déboursé environ 161 milliards de FCFA en 2021 et 2022 pour les importer ?
François Djonou : Les crises que je viens d’évoquer notamment la guerre en Ukraine et le dérèglement climatique ont entrainé une hausse des coûts d’engrais et la faible production locale de maïs. L’offre en maïs reste très faible depuis environ trois ans. Le prix de cette céréale permettant de produire à un coût intéressant est de 160 FCFA le kilogramme. En 2024, son prix a atteint 350 FCFA pour un intrant qui entre à environ 60% dans la production de l’aliment. Son prix cette année reste encore à 250 FCFA. Il est encore très élevé. L’importation et la subvention des taxes est la solution inévitable.
Cameroon Tribune : Quelles autres actions menez-vous en interne pour éviter l’asphyxie de la filière avicole ?
François Djonou : D’une manière générale, nous nous attelons à sensibiliser les aviculteurs pour qu’ils n’adonnent pas l’activité car c’est la voie qui a été suivie par la plupart. Nous conseillons la réduction et le bon suivi du cheptel au lieu du découragement. Nous faisons aussi un accompagnement de proximité en mettant à leur disposition des conseils pour renforcer leurs capacités techniques.
Cameroon Tribune : L’heure est à la promotion de l’import-substitution, comment permettre au Cameroun de renforcer sa production de volaille et satisfaire la demande locale ?
François Djonou : Pour renforcer la production locale, nous avons absolument besoin de l’aide du ministère de l’Agriculture et du développement rural pour la production de maïs. Il doit être produit en grande quantité et à un coût accessible. Tous les grands pays producteurs de volaille dans le monde ont résolu le problème du maïs.
Cameroon Tribune : quel peut être l’apport du secteur privé dans la fourniture des intrants, tout comme la production de la volaille ?
François Djonou : Le gouvernement devra inciter les opérateurs privés à produire assez de maïs. Sa disponibilité à un bon prix entraînera la production massive de volaille à un prix accessible pour la ménagère. Malheureusement, une structure comme le complexe avicole de Mvog-Betsi conçue pour la production de volaille se retrouve aujourd’hui en ville. De plus, le site a été construit et habité en grande partie. Ce qui rend l’activité avicole impossible sur ce site.
+ There are no comments
Add yours