C’était au cours d’un atelier-débat organisé ce jeudi 19 juin 2025 par le Groupe d’étude de la drépanocytose du Cameroun au Centre Pasteur de Yaoundé.

« Drépanocytose en milieu social et familial : enjeux et défis ». C’est sous ce thème que s’est tenue ce jeudi 19 juin 2025, la 74ème édition du concept « Les mercredis de Pasteurs » au Centre Pasteur de Yaoundé autour d’une conférence-débats. L’initiative est soutenue par le Groupe d’étude de la drépanocytose du Cameroun (GEDREPACAM).

Pour le Centre Pasteur, cet événement s’inscrit dans sa mission de promotion de la santé publique, en élargissant le champ des discussions scientifiques aux enjeux sociétaux liés aux pathologies chroniques comme la drépanocytose.

Les travaux tenus ce jour à Yaoundé avaient trois objectifs spécifiques : Mettre en lumière les impacts sociaux et psychologiques de la drépanocytose, au sein des familles et de la société. Renforcer la sensibilisation du public, des soignants et des proches aidants face aux réalités vécues par les personnes drépanocytaires et favoriser une prise en charge globale et intégrée qui dépasse le seul cadre biomédical.

François Bingono Bingono, l’un des panélistes s’est focalisé sur l’aspect anthropologique de la maladie. Selon lui, la drépanocytose est liée à plusieurs facteurs, entre autres, l’endogamie (mariage entre les personnes d’une même tribu), l’alimentation de la femmes enceinte.

« Il est illusoire que l’on pense souvent que toute maladie compliquée soit liée à la mystique, à l’occulte. Nous connaissons les maladies d’origine génétique dont on peut ne pas savoir l’origine. Il y a des maladies héréditaires qui s’attaque parfois aux enfants d’une même famille. Des maladies liées à la non observance des lois sociales par la prochaine parturiente qui va donner naissance à un enfant » a expliqué l’anthropologue François Bingono Bingono.

Le psychologue clinicien Thierry Ndong a quant à lui expliqué le poids social des familles ayant un enfant drépanocytaire. Pour le clinicien, les femmes sont pour la grande majorités, victimes du poids social de la maladie que porte leur enfant.

« Dans nos sociétés qui sont encore pour la plupart traditionnelles, c’est la femme qui est souvent indexée, puisqu’on estime que c’est elle a amené la maladie dans la famille, tandis que l’homme échappe à cette culpabilité, du fait de la protection sociale. Le père de l’enfant va donc développer un comportement d’évitement de l’enfant. Ce qui fait que lors des visites chez le médecin, vous ne verrez que la maman de l’enfant. Parfois c’est l’entourage qui demande aux parents de l’enfant pour quoi investir sur une personne qui ne va pas vivre plus de 18 ans » a expliqué Thierry Ndong.

Selon une récente étude menée à travers plusieurs régions du Cameroun, certaines régions du pays semblent plus affectées que d’autres par le syndrome de la drépanocytose. 50 à 90% des personnes atteintes de cette maladie meurent avant l’âge de 5 ans.  En 2022, le nombre d’années perdues due à la drépanocytose était de 308 au Cameron contre 4 années dans les pays développés.

« C’est une question d’ignorance. Si l’espérance de vie des malades atteints de la drépanocytose était pensée avant comme réduite, le temps a permis aux uns et autres de comprendre que cette espérance de vie n’est pas réduite. Il faudrait donc accentuer la communication et la sensibilisation des masses à l’existence de cette maladie » a expliqué Basile Yannick Emah Manda, Médecin spécialiste en Santé publique, sous-directeur de la lutte contre les maladies chroniques non transmissibles au ministère de la Santé publique (Minsante). Ce dernier a rassuré qu’au niveau du ministère le la Santé publique il y a toute une direction et un service en charge de ce genre de maladies.

« Nous avons un encrage institutionnel qui nous donne la légitimité de réfléchir sur ces questions. L’autre problème que nous rencontrons c’est souvent le défaut de financement pour sensibiliser les masses. Il faudrait une approche multisectorielle puisque le ministère de la Santé publique seul ne peut pas. Il faudrait commencer par intéresser la population à partir des manuels scolaires. Le ministère en charge de l’Education de base doit être impliqué. A l’heure où je vois parle, le ministère est en train d’améliorer la qualité de ses données afin de lutter efficacement contre cette maladie » a expliqué Basile Yannick Emah Manda.

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