La note a été attribuée ce vendredi 31 janvier 2025 à Yaoundé, lors d’un café science coorganisé par l’association des journalistes et Communicateurs Scientifiques du Cameroun et Réseau des médias africains pour la promotion de la Santé et de l’Environnement (Remapsen).

La participation des pays pauvres est-elle nécessaire aux différentes Conférences des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP) ? C’est la question centrale qui a meublé les travaux du café science organisé ce vendredi 31 janvier 2025 à Yaoundé par l’association des journalistes et Communicateurs Scientifiques du Cameroun et Réseau des médias africains pour la promotion de la Santé et de l’Environnement (Remapsen).

L’initiative qui s’est tenue au Bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Yaoundé, est soutenue par le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le ministère camerounais en charge de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded) et avec pour thème : « Bilan de la Cop 29 de Baku et l’initiative du financement forestier à haute intégrité dans le Bassin du Congo ». Selon Jonas Kemajou Syapze, expert financement climatique au WWF, depuis plus de 30 ans, les négociations climatiques n’avancent pas pour les pays du Sud dit pays pauvres.

 « L’initiative de ce jour vise à faire des forêts du Bassin du Congo, non plus des pôles de dépense comme c’est le cas en ce moment mais des pôles de recettes » a expliqué l’expert avant d’ajouter que « depuis Rio 1992 qui induit le développement durable, les pays du Bassin du Congo ont pris des mesures pour leur législation forestière, en termes de programmes, de politiques et de projets qui ont permis de stabiliser et de gérer durablement les forêts du Bassin du Congo. On peut se demander aujourd’hui, quels sont les volumes des fonds qui ont été mobilisés pour atteindre cet objectif et envisager à court, moyen et long terme, quels sont les fonds nécessaires pour poursuivre la gestion durable des forêts ».

Beaucoup d’interrogations restent encore en suspend par exemple, lorsque ce montant sera trouvé, est-ce que ce sont les seuls pays du Bassin du Congo qui devront continuer à mobiliser leur budget pour financer cette gestion durable des forêts et quels sont les partenaires internationaux et comment peuvent-ils contribuer à cette gestion durable des forêts.

L’on a également appris de ce café science que depuis les Accords de Kyoto de 2005 sur les droits échangeables du Co2 et du carbone, les forêts du Bassin du Congo ont stabilisé un volume important de carbone. La question était aussi de savoir si ce carbone net positif (environ 1,5 milliards de tonnes selon les études de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale) est stabilisé par les forêts du Bassin du Congo, quelle est véritablement sa valeur et qui la paie et comment.  

Prince Mpondo, coordonnateur national du REMAPSEN Cameroun

« Il y a des défis qui nos interpellent »

Ce café science nous a vraiment permis de prendre conscience sur les problématiques environnementales qui nous interpellent et d’amener le REMAPSEN à susciter la prise de décisions par ceux qui doivent la prendre parce que les enseignements que nous avons reçus des espères nous renseignent que nous sommes très mal logés et qu’il y a des défis qui nous interpellent et nous devons nous mobiliser pour préserver notre environnement. Nos devons faire en sorte que nos forêts ne soient plus bradées et qu’elles puissent générer des ressources nécessaires pour le développement de notre continent. Pour nous es journalistes, ce café science a été un moment édifiant et nous sommes plus outillés désormais en la matière avec ce renforcement des capacités.

Timothée Kagonbe, expert climatologue et environnementaliste 

« La COP 29 est une déception pour les pays africains »

Pouvez-vous revenir sur le bilan de la COP 29 et nous dire comment l’Afrique Centrale entend changer la donne lors des éditions à venir ?

Les COP se suivent mais ne se ressemblent pas au vu des résultats que nous obtenons. Et si nous prenons le cas de la COP 29 qui s’est tenue à Baku (Azerbaïdjan Ndlr), les résultats sont beaucoup mitigés et je peux dire que c’est une déception pour les pays africains en général et le Cameroun en particulier parce que les objectifs visés n’ont pas été atteints véritablement.

Le premier objectif était de définir un nouvel objectif financier de manière globale. A la COP d Paris, il avait été décidé que les pays développés mobilisent 100 milliards de dollars par an (63 200 421 000 000 FCFA Ndlr). Malheureusement lorsque nous faisions les décomptes après 8 ans, ils n’ont même pas pu mobiliser 5 milliards de dollars (3 158 579 400 000 FCFA Ndlr).

Nous les pays africains en développement avions décidé lors des négociations que ces financements soient multipliés c’est-à-dire atteindre 3 milliards de dollars américains (1 896 057 400 000 FCFA Ndlr) à l’endroit des pays en développement pour les aider et les appuyer à réagir face aux questions de pertes, de dommages et d’adaptation mais malheureusement la décision qui a été arrêtée à la COP de Baku était seulement de tripler les 100 milliards de dollars c’est-à-dire 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Pour les pays africains en développement c’était une insulte parce que ça ne vaut même pas 1/10ème de de que nous attendons.

Notre deuxième revendication était par rapport à l’article 6 de l’Accord de Paris. Vous avez suivi les négociations concernant le marché carbone. Pendant 9 ans, on n’arrivait pas à trouver des voies et moyens pour une mise en œuvre efficace de l’article 6, 6.2, 6.4 et 6.8. En définitive, à la COP de Baku, c’est l’un des résultats que nous avons eus, puisque nous avons pu finaliser les modalités de mise en œuvre et d’entrer véritablement dans le marché carbone.

Dès cet instant, les pays peuvent déjà commencer à travailler là-dessus et comme vous le savez pour la position du Cameroun, ce n’est pas le carbone qui nous intéresse c’est d’abord l’écobénéfice, la création d’emplois, le développement sains pour nos populations et le carbone viendra appuyer. Nous disons que le carbone c’est la cerise sur le gâteau. Il faut d’abord recherche autre chose, partant de la vision du Cameroun qui est de transformer les contraintes climatiques en opportunités de développement.

Troisième élément important pour la COP 29, c’était de finir la mobilisation des fonds pour les pertes et dommages l’article 8. Ces fonds ont été créés lorsque nous étions à  Charm el-Cheikh, en Égypte (2022 Ndlr), nous en avons discuté à Doubaï et il était question d’orienter la mobilisation des fonds. Est-ce que c’est sur les PIB (Produit intérieur brut Ndlr) des pays développés ? est-ce que c’est sur la base des événements extrêmes comme les inondations, sécheresse, glissement de terrain liés aux changements climatiques ? qui surviennent dans les pays où les moyens seront mobilisés. Malheureusement jusque-là, nous n’avons encore rien de très essentiel mais les négociations vont continuer en juin à Born et à Belém pour pouvoir trouver des éléments importants et apporter un plus à l’Afrique qui a besoin de moyens pour s’adapter aux questions de changement climatique.

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Jean Daniel Obama https://afrik-green-eco.com

Je suis Jean Daniel Obama, journaliste issu de la 16ème promotion de l’Institut Siantou Supérieur à Yaoundé. Passionné des questions agropastorales, j’ai décidé de me lancer et me spécialiser dans ce domaine où j’espère apporter l’information utile non seulement aux décideurs mais également aux entrepreneurs.

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