Le gouvernement du Cameroun a, dans le cadre de l’appui de la Banque mondiale au secteur de l’agriculture, reçu de l’Association internationale pour le développement (IDA) un crédit de pour financer le Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire (PULCCA). Ce dernier dont la mise en œuvre dure trois ans (2023-2025) a ainsi pour objectif de répondre de manière urgente à l’atténuation des impacts à court terme de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun.
Gilbert Ndzomo Abanda : « Le temps de mise en œuvre a été plus ou moins sous-estimé, au regard de la diversité de ses zones d’intervention »
Le coordonnateur national du Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire (PULCCA) revient en détail sur les causes de ralentissement de sa mise en œuvre.
M. le coordonnateur, quel bilan faites-vous des activités mises en œuvre par le projet depuis son démarrage en 2023 ?
Après un an de mise en œuvre des activités du Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire (PULCCA), notre bilan est largement positif. Actuellement, nous sommes à un taux de décaissement de 45.5% ce qui s’est rarement vu pour un projet qui a démarré en février 2023, avec près de six mois de temps d’imprégnation pour le personnel. Autrement dit, la mise en œuvre des activités a été effective à partir de juillet 2023.
Le bilan est d’autant plus positif que nous avons réussi à signer en très peu de temps, les accords-cadres (contrats) avec tous les partenaires de mise en œuvre. Ces derniers sont en train de se déployer sur le terrain avec des résultats satisfaisants. D’ici la fin 2024, nous nous attendons à passer à un taux de décaissement de 70%.
Par quel mécanisme parvenez-vous à suivre en détail les activités dont la majorité est effectuée par des tiers ?
Justement, le PULCCA dans sa conception a prévu la méthode du « faire-faire » c’est-à-dire que nous passons des contrats avec des « partenaires de mise en œuvre ». a cet effet, nous avons mis à la disposition de chaque partenaire un budget d’accompagnement d’activités bien précises et détaillées. Ainsi, chaque partenaire intervient dans une zone bien déterminée avec des cibles identifiées par un ciblage précis.
Il s’agit à la fois des Agences du système des Nations-Unies que sont le Programme alimentaire mondiale (PAM) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et des partenaires paraétatiques tels que la South West Development Authority (SOWEDA), la Mission de développement pour le Nord-Ouest (MIDENO).
La Caisse de développement de l’élevage du Nord-Ouest (CDENO), la Caisse de développement de l’élevage du Nord (CDEN), la Caisse de développement de la pêche maritime (CDPM), la Mission de développement de la pêche artisanale maritime (Midepecam).
Les spécialistes du PULCCA sont chargés de faire un suivi rapproché de la mise en œuvre des activités. Pour être plus précis, il y a spécialement du PULCCA rattaché à chaque partenaire comme point focal.
L’exécution du PULCCA est prévue pour trois ans, à quoi est dû le retard accusé dans les activités sur le terrain ?
Effectivement pour un projet de cette envergure, même classé comme urgent, le temps de mise en œuvre a été plus ou moins sous-estimé, au regard de la diversité de ses zones d’intervention que sont l’Extrême-Nord, le Nord, l’Adamaoua, l’Est, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et avec la grande différenciation des cibles à toucher.
Il convient également de noter la mise en place de l’unité de gestion qui a pris plus de temps que prévu, avec de nombreuses procédures administratives et techniques, l’imprégnation du personnel, la négociation des accords-cadres avec les partenaires de mise en œuvre et la compréhension des missions par ces partenaires. La liste n’est pas exhaustive car d’autres paramètres comme ceux liés au respect des procédures ont quelques fois pris du temps.
Comment comptez-vous rattraper ce retard pris sur le terrain des activités ?
Comme je vous l’ai dit à la question précédente, au niveau de l’unité de gestion, nous avons pris le taureau par les cornes. Les procédures sont maitrisées, les partenaires de mise en œuvre comprennent bien leurs missions et sont sur le terrain pour la mise en œuvre des activités, les spécialistes du projet sont à pied d’œuvre pour impulser le travail des partenaires.
Le projet bénéficie également de l’accompagnement de sa tutelle à savoir, le ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader). Autant de synergies font qu’à date, le retard est en train d’être rattrapé.
Pour quoi n’avoir retenu que six régions sur les dix que compte le Cameroun ? n’est-ce pas impartial alors que partout dans le pays, on peut trouver des individus, des ménages et des pays, on peut trouver des individus, des ménages et des communautés affectées par l’insécurité alimentaire ?
Si nous partons du fait qu’au Cameroun, 11% de la population sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, cela représente 3 millions de personnes. Vous aurez raison de parler d’impartialité. Toutefois, il fallait commencer quelque part et pour cela, il a fallu attaquer le problème d’insécurité alimentaire par les régions les plus affectées à savoir, l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, l’Adamaoua, l’Est et le Nord.
Dans ces régions, la persistance du niveau élevé d’insécurité de violence armée est accompagnée de la montée des conflits pour les ressources naturelles, les inondations et les déplacements qui s’en suivent. Il est prévu des fonds supplémentaires et peut-être avec ces fonds supplémentaires, d’autres régions en situation d’insécurité alimentaire seront prises en compte. Mais l’accent a d’abord été mis sur ces six premières très affaiblies par la crise alimentaire.
Source : Cameroon Tribune du 17 septembre 2024

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