L’édile la municipalité de Yoko dans la région du Centre, fait un inventaires des projets qui ont permis à ladite commune de préserver sa forêt communautaire.
Comment la commune de Yoko est entrée en contact avec la coopération allemande et qu’est-ce qui a changé dans le quotidien de vos populations ?
La coopération allemande avait lancé un appel à candidature pour solliciter des communes ayant des initiatives dans le domaine du développement durable. Nous avons soumissionné et nous sommes retenus et le début d’une longue aventure avec la coopération allemande. Ils (la coopération allemande) sont d’abord venus ici à Yoko dans le cadre du projet de la forêt communale et le premier projet avait une enveloppe de 65 millions FCFA.
Et dans le cadre de ce projet, nous avons pu faire un inventaire du potentiel touristique que regorge la ville de Yoko. A l’intérieur de cette forêt communale, nous avons découvert des chimpanzés, des chats dorés, des animaux victimes du braconnage et en voie de disparition.
Nous avons pu, avec les conseils de la coopération allemande trouver des financements pour construire le restaurant dans lequel nous nous trouvons actuellement et qui a coûté 85 millions FCFA financé par le ministère des Travaux publics. Nous envisageons également la construction des logements écologiques.
Nous encore le ministère des travaux publics et on leur a dit que nous ambitionnons de mettre sur pied un autre restaurant de ce type. D’ici le mois de décembre 2024, la commune de Yoko va disposer de deux restaurants écologiques. Nous serons alors la seule commune au Cameroun qui dispose de deux restaurants écologiques autour d’une voie rapide de haut trafic.
La coopération a compris qu’elle peut travailler avec la commune de Yoko, raison pour laquelle elle a ouvert un bureau ici. Elle nous a apporté un deuxième projet après celui de l’appel à candidature dont je vous ai parlé.
La coopération allemande a trouvé que nous pouvons être ensemble dans une vision à très long terme c’est pourquoi le deuxième projet porte sur la restauration des espaces dégradés. Nous trouvons que c’est quelque chose de formidable. Avec le premier projet nous avons déjà 10 plantations communautaires de teck et le troisième projet est celui du foncier responsable.
Quid de la gestion des forêts communales à Yoko, avant votre collaboration avec la coopération allemande ?
En 2010, nous avons trouvé dans les archives de mon prédécesseur, un dossier qui était en sommeil. C’était celui de la forêt communale de Yoko qui avait été bloqué par certains chefs de villages. Le dossier couvrait d’abord sept villages. Je l’ai réveillé et puis en 2011, ce dossier a abouti. Nous avons obtenu une forêt communale de 29 500 hectares, grâce à un décret du Premier ministre après une non-objection de la présidence de la République.
La forêt communale au Cameroun est faite pour une exploitation forestière et puis nous avons fait un constat. Dans 60% des communes où il y a des forêts, ces maires sont allés en prison. J’ai donc laissé tomber ce dossier pour me consacrer à autre chose. Il s’est trouvé qu’en 2014, le Programme nationale de développement participatif (PNDP) lance un concours pour accorder des financements aux communes qui ont des projets dans les initiatives climat.
Il faut que je vous précise que je suis d’abord président de l’association des « éco-maires » et j’ai effectué plusieurs missions au Maroc, dans le cadre de la coopération entre la commune de Yoko et les communes du Maroc, à l’instar de celle d’Agadir et bien d’autres.
J’ai pu voir sur place comment des communes installées dans des zones désertiques se développent grâce aux financements qui viennent de la coopération décentralisée à partie des arbustes. Je me suis dit, si Yoko dispose d’une forêt communale, je peux également ouvrir cette même brèche. Nous avons choisi l’intitulé d’un projet « Conservation intégrale de la forêt communale de Yoko pour la préservation mondiale du climat ».
A quoi ont servi les 250 millions FCFA ?
Il y avait un seul financement disponible, 250 millions FCFA pour trois régions, à savoir le Centre, Sud et Est et la commune de Yoko a terminé en tête du concours. La région du Centre comptait je crois 70 communes, celle du Sud 40 communes, je crois que l’Est comptait environ 30 communes. Nous avons terminé en tête de 140 communes.
Nous avons utilisé les 250 millions FCFA dans notre forêt communale sans couper un seul arbre. La commune a mis en place des magasins de stockage, nous avons construit des étangs, nous avons accompagné les populations dans leurs différents projets agricoles. Une convention avec l’Irad (Institut de recherche agricole pour le développement Ndlr) nous a aidé à donner des semences sélectionnées aux agriculteurs. Tout ceci pour que la forêt communale ne soit pas touchée.
A la fin de cette initiative en 2018, l’association des maires d’Afrique organise tous les 3 ou 4 ans, une rencontre internationale dans laquelle se retrouvent tous élus de l’Afrique et le thème justement c’était : « Les collectivités africaines face au défi du changement climatique » dans la ville de Marrakech. Malheureusement le maire de Yoko n’était pas présent. Vous imaginez 50 maires qui vont participer à ce genre de rencontre et la commune de Yoko est absente.
Un mois avant la rencontre, un concours est lancé au niveau de l’Afrique pour nominer les 9 meilleures collectivités africaines qui sont engagées dans le changement climatique. En novembre 2018 à Marrakech, sur les 9 500 communes présentes, celle de Yoko faisait partie des 9 africaines.
En 2020 au niveau du Cameroun, un concours de bonnes pratiques Feicom (Fonds Spécial d’Équipement et d’Intervention Intercommunale Ndlr) a été lancé. Nous avons soumissionné en présentant l’initiative qui nous a permis d’être sélectionnés parmi les 9 communes d’Afrique. Pour avoir été parmi les 9 meilleures africaines, nous sommes convaincus que nous allons terminer première au niveau du Cameroun. Au moment de la proclamation des résultats, la commune de Yoko est seulement classée première commune au niveau de la région du Centre. Une véritable frustration pour nous.
Je suis Jean Daniel Obama, journaliste issu de la 16ème promotion de l’Institut Siantou Supérieur à Yaoundé. Passionné des questions agropastorales, j’ai décidé de me lancer et me spécialiser dans ce domaine où j’espère apporter l’information utile non seulement aux décideurs mais également aux entrepreneurs.
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