Titus Edzoa a payé chère sa volonté d’être candidat en 1997 (élection présidentielle Ndlr). Il a fait 17 ans de prison et vient de célébrer les 10 ans de sa libération. Il a répondu aux questions de Radio France International (RFI) depuis Yaoundé, la capitale camerounaise.
(RFI) Vous qui avez connu 17 années de prison dans un cachot de 8m2 est-ce que vous avez gardé des relations avec les personnalités politiques qui sont toujours en prison ?
Oui. J’ai de leurs nouvelles et je ne cesse de les encourager parce que je sais ce que cela veut dire parce que beaucoup sont en prison à cause de leurs opinions donc pour le Cameroun, après tant d’années, c’est une honte parce que je ne comprends pas qu’on puisse être privé de sa liberté parce qu’on a une opinion différente de ceux qui sont au pouvoir.
Vous pensez à qui en particulier ?
Ils sont nombreux mais je vais donner quelques noms Marafa (Marafa Hamidou Yaya ancien ministre d’État chargé de l’administration territoriale et de la décentralisation Ndlr), Mebara (Jean-Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général à la présidence de la République Ndlr), Jules Belinga (Administrateur système chez CRIFAT. Ndlr), il y a Vamoulke (Amadou Vamoulke, ancien directeur général de la Cameroon Radio Television Ndlr).
Et les 41 militants du parti d’opposition MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun, de Maurice Kamto Ndlr) ?
Oui ça va dans le même logique parce que ce sont des comportements absolument abjectes et on risque de les oublier, il faut qu’ils tiennent ?
Lorsque vous étiez en prison, vous aviez peu d’être oublié ?
Non seulement peur, mais j’avais été oublié pendant 17 ans dans des conditions terribles, c’est ça qui vous taraude. Vous n’existez plus et vous avez aussi le temps de penser à vous-même mai aussi pour les autres et d’ailleurs pour cela que je continue à faire la politique parce que pour moi la politique c’est un instrument de service et non pas de jouissance comme on le voit aujourd’hui dans notre pays.
Lors de la présidentielle de l’an prochain, le président Biya aura 92 ans et portants ses partisans l’invitent à se représenter qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est toujours les mêmes farces c’est-à-dire que (rire) je crois que c’est encore une mascarade de plus si ça se passe comme ça parce qu’on a déjà vécu ça en l’année passée (allusion à l’élection présidentielle de 2018 Ndlr) et en 2018, tout ce qui a été promis, rien a été fait. Les institutions sont bloquées, vous avez la guerre du Nord-Ouest et du Sud-Ouest rient a été fait bien au contraire sur cette guerre-là, on n’a plutôt privatisé cette guerre-là et la mort se passe dans des conditions dramatiques des deux côtés. Tout est en statu quo et le pays se meurt.
Dans les cercles du pouvoir, certains poussent Paul Biya à se représenter pour une énième fois et d’autres l’incitent à préparer son fils Franck à lui succéder. Quel est à votre avis le scénario le plus probable?
Je ne suis pas un devin mais je peux tout simplement dire que ni l’une ni l’autre proposition n’est pas vraiment ce qu’attend le peuple camerounais. Son fil, je lui avais donné un conseil de façon publique, de se retirer de ces joutes parce que si jamais il acceptait et qu’il devenait candidat, ce serait pour lui quelque chose de très très nocif et ce serait pour le Cameroun un autre échec qu’on ajouterait aux échecs précédents.
Quelle est la solution pour vous ?
J’ai proposé une solution, celle de la transition. C’est-à-dire que des forces vives de notre pays se retrouvent et créent ce que j’appelle une période de transition et cette transition aura comme mission principale, fondamentalement, remettre les institutions républicaines en place pour une refondation profonde. Ensuite, procéder à un audit comptable et non comptable de tous les secteurs du pays et bien d’autres propositions qui feront l’objet de cette transition.
Et réformer le code électoral j’imagine ?
Tout à fait et c’est comme si on remettait tout à plat. C’est une période qui n’est pas une option mais qui est devenue un passage obligatoire.
Ce serait une transition de combien de temps ?
Trois ou quatre ans, ça dépend mais ce serait une période vraiment très intense pour que le pays puisse se retrouver et pour rebâtir à zéro.
Cette transition serait dirigée par qui ?
Pas nécessairement par des partis politiques. J’ai été touché pour diriger cette transition et je leur ai dit, s’il en est ainsi, j’en prendrais la responsabilité mais une fois le « job » terminé, je quitterais la scène politique.
Vous avez été contacté par des personnes qui sont dans le premier cercle du pouvoir ?
Oui. Par certains du premier cercle du pouvoir dont je ne peux pas révéler les noms, dans la société civile et beaucoup partis aussi qui adhèrent. C’est une idée qui fait son chemin pour sortir notre pays de l’impasse.
Donc aujourd’hui vous dites que vous êtes disponible pour diriger une éventuelle transition ?
Tout à fait.

Je suis Jean Daniel Obama, journaliste issu de la 16ème promotion de l’Institut Siantou Supérieur à Yaoundé. Passionné des questions agropastorales, j’ai décidé de me lancer et me spécialiser dans ce domaine où j’espère apporter l’information utile non seulement aux décideurs mais également aux entrepreneurs.
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