L’économiste, doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion à l’université de Yaoundé II-Soa, répondait ainsi à question sur les emprunts contractés par le Cameroun et la soutenabilité de la dette du pays.
Selon le discours officiel, le dette du Cameroun est soutenable et le risque de surendettement faible. Les autorités se réfèrent à juste titre, à la norme communautaire qui limite l’endettement des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) à 70% de PIB (Produit intérieur brut Ndlr), pour arguer qu’avec un taux dépassant à peine les 40%, le risque d’une insolvabilité est limité.
Mais à l’observation, ce risque est bien réel. Deux raisons au moins, dont il serait imprudent de minimiser peuvent être évoquées. En premier lieu, la rapidité avec laquelle le Cameroun s’est réendetté et la diversité des nouveaux créanciers, après avoir atteint le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE), au prix du respect contraint d’une batterie des critères durs dans les années 1990-2010.
En second lieu, l’incertitude radicale qui décrit les situations dans lesquelles il est extrêmement difficile de prévoir avec un maximum de réussite les évolutions futures à partir des observations passées. L’apparition soudaine de la Covid-19, puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie sont deux illustrations récentes au niveau international qui ont conduit les Etats à mettre en œuvre des politiques budgétaires expansionnistes avec un accroissement rapide des niveaux de cette dette publique.
Au niveau national, il y a la crise dans les deux régions anglophones, les attaques de la secte Boko Haram, auxquelles sont venues s’ajouter de manière très inattendues les revendications sociales. Avec la proximité des élections présidentielles prévues en octobre 2025, il n’est pas exclu que d’autres corps sociaux expriment leurs mécontentements, induisant des réallocations budgétaires et le recours à l’endettement.
Pour maintenir la soutenabilité de cette dette, l’Etat devrait selon Enrique Mendoza et Marcelo Oviedo « être en mesure de la contrôler dans la plupart des circonstances, y compris en cas de chocs adverses, grâce à sa politique fiscale et cela en excluant l’usage d’une politique inflationniste pour en baisser la charge réelle ou la pratique de la consolidation budgétaire par diminution excessive de la dépense ».
Source : Cameroon Business Today du mercredi 20 décembre 2023

Je suis Jean Daniel Obama, journaliste issu de la 16ème promotion de l’Institut Siantou Supérieur à Yaoundé. Passionné des questions agropastorales, j’ai décidé de me lancer et me spécialiser dans ce domaine où j’espère apporter l’information utile non seulement aux décideurs mais également aux entrepreneurs.
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