Le président du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM) s’est exprimé hier 24 décembre 2023 à la télévision nationale CRTV dans l’émission Actualités Hebdo.
Sur la loi de finance 2024
Pour en trouver il chercher parce que à chaque fois qu’on atteint une loi de finances dans notre pays c’est toujours dans la frilosité parce qu’on se demande toujours à quelle sauce on va être mangé nous les chefs d’entreprises et ça ne nous a pas loupé.
Pour ce qui est des points positifs, il n’y a pas eu augmentation d’impôts au sens propre du terme et l’administration fiscale a continué sa digitalisation, ce qui est un point positif mais c’est une loi de finances.
Comme autre point positif, ils ont intégré la fiscalité des activités au niveau de l’internet et la facturation électronique, ça permet d’élargir l’assiette fiscale d’une certaine manière. Mais en dehors de ça, il n’y a pas grand-chose. Nous traversons un moment extrêmement difficile le Cameroun a un taux d’inflation d’environ 8%, c’est le taux le plus important depuis les 20 dernières années, avec une croissance de 3.8, donc il y a une perte du pouvoir d’achat.
Dans toute économie normale, on se serait attendu une loi de finance de relance économique, d’appui à la consommation et au pouvoir d’achat mais ça été tout le contraire. Nous avons une loi de finance à caractère inflationniste. C’est loi de finance qui n’est pas évidente à digérer du fait de son nombre d’articles.
Elle a toujours été guidée par l’esprit de collecte et de sécurisation des recettes, on comprend bien que l’Etat a des soucis de finance publique c’est normal mais on ne peut pas avoir une loi de finances dont l’objectif depuis est essentiellement la collecte. A un moment donné cela détruit le secteur et l’activité économique.
Autre point négatif de cette loi de finance, elle n’accompagne pas le secteur privé. D’abord, elle augmente les coûts de production. Vous verrez dans le secteur brassicole qui est extrêmement important par exemple, il y a une augmentation des droits d’accises ce qui va automatique conduire à une augmentation des prix des produits gazeux et alcooliques. Il y aura également un impact économique au niveau du pouvoir d’achat parce que cette loi fera que certains salariés vont payer plus d’impôts sur les revenus des personnes physique (IRPP).
Ça pourra aller de 5 à 25% à moins du salaire net à cause de la mise en place de certaines mesures. La suspension des précomptes sur achat dans les entreprises industrielles va aussi entrainer des conséquences importantes dans la trésorerie de ces entreprises qui sont déjà en difficulté, notamment les PME.
Nous sommes quittés d’une fiscalité confiscatoire à la limite, à une fiscalité qui devient de l’inquisition parce que le droit du contribuable est réduit. Nous restons dans une démarche qui taxe à tout va, sans véritable stratégie.
Sur l’élargissement de l’assiette fiscale
Il y a de vraies niches d’élargissement de l’assiette fiscale que nous avons relevé dans nos propositions de réforme fiscale notamment la fiscalité foncière qui n’a pas été prise en compte on ne sait pas pourquoi.
Cette loi de finance a une multiplicité de la parafiscalité quasiment généralisée donc l’élargissement de l’assiette fiscale ne peut pas seulement se limiter mettre les droit d’accise un peu partout et à ajouter la taxe à ceux qui paient déjà. Pour élargir l’assiette nous devons repenser toute notre fiscalité et avoir une véritable stratégie qui permette qu’on ne fiscalise pas simplement l’activité, mais qu’on fiscalise les revenus.
Nous avons un minimum d’impôts aujourd’hui qui est de 2.2% du chiffre d’affaire. Que dites-vous des entreprises qui sont en deçà de ce chiffres ? Elles sont dans le secteur informel. Les difficultés que rencontre l’Etat ne doivent pas l’amener à tout taxer sans chercher à savoir quel est le revenu des entreprises. Nous n’avons pas été contactés et ça fait des années que ça dure.
On a l’habitude de dire que le taux de pression fiscale est faible mais où sommes-nous arrivés dans notre système fiscal? Nous sommes à bout de souffle. Ce problème de taux de pression fiscale au Cameroun en est arrivé là parce que nous utilisons les outils des pays qui sont développés et structurés dans notre économie qui est essentiellement dominé par l’informel. Comment on fiscalise un secteur qui évolue dans l’informel ?
Les chefs d’entreprises demandent une pause fiscale en prélude à une véritable réforme de notre système fiscal. La dernière réforme de notre fiscalité date d’il y a plus de 20 ans entre temps il y a eu plus de 2 000 modifications du code générale des impôts. C’est un code général des impôts aujourd’hui qui ne sert personne. Ni les entreprises, ni les contribuables, ni l’économie ni l’Etat lui-même.
Sur l’import substitution
L’import substitution n’est pas nouveau au Cameroun. C’est une stratégie qui est mise en œuvre depuis au moins une vingtaine d’années. L’import substitution ne saurait se limiter au secteur agroalimentaire. Comment comprendre que lorsque vous avez des marchés publics, la part des acteurs nationaux soit marginale ? Lorsqu’il faut construire par exemple des stades de football, la part qui revient aux acteurs nationaux c’est de planter le gazon.
Sur la société Eneo par exemple, nous devons tirer les leçons sur les conséquences du passé. On ne peut pas penser qu’on va restructurer une entreprise stratégique avec un financement de nature spéculative. C’est un vrai scandale de voir un pays qui est le deuxième potentiel hydroélectrique en Afrique et 18ème au monde être dans cette situation.
Malgré la mise sur pied des barrages hydroélectriques, il faut encore que le transport soit assuré et que la distribution soit mise entre les mains d’abord d’une structure qui tienne compte des intérêts de l’Etat et des nationaux. Ce qui n’a pas été le cas dans la dernière structuration avec Actis.
Synthèse de la rédaction

Afrik-Green-Eco est une plateforme d’informations agropastorales avec pour objectif d’informer et d’orienter efficacement des acteurs des filières agricoles et élevages dans leurs choix d’investissements.
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